Ce lundi 18 février les partis politiques ont repris leurs meetings
et la Commission électorale nationale indépendante (INEC) a approuvé la
reprise de la campagne électorale jusqu'à jeudi soir. Suite au report du
scrutin, le parti au pouvoir All Progessives Congress (APC) tenait une
réunion extraordinaire ce lundi. L'occasion pour le chef de l'Etat
sortant, Muhammadu Buhari, candidat à sa propre succession, de faire le
point. Il a condamné ce report in extremis de la Commission électorale
et menacé ceux qui voudraient tricher lors des élections samedi.
Tous les ténors du parti étaient présents pour le meeting du All
Progessives Congress, l’APC, ce lundi 18 février. Devant les caméras, le
chef de l'Etat sortant a pris la parole. En quelques minutes à peine,
comme à son habitude, Muhammadu Buhari est allé droit au but et s'en est
pris à la Commission électorale, l’INEC, après le report in extremis des élections générales de samedi.« La Commission nationale a eu tout le temps qu'elle voulait et toutes les ressources nécessaires. Pourquoi attendre 6h avant le début du scrutin pour annoncer ne pas être en mesure de l'organiser ? Manifestement, il va falloir expliquer un tel niveau d'incompétence à la Nation. A l'issue du scrutin, nous devrons savoir exactement ce qui s'est passé et qui est responsable », a lancé Buhari.
Au cours de cette allocution, le président sortant a revêtu son uniforme de général. La voix ferme, Muhammadu Buhari a mis en garde ceux qui envisageraient de tricher où de perturber le scrutin.
« J'ai déjà ordonné à la police et a l'armée d’être sans pitié. Nous n'allons pas être tenus pour responsables de vouloir truquer ces élections (...) Quiconque pense avoir assez d'influence dans sa localité pour commander des voyous à voler des urnes ou perturber le scrutin, le fera aux dépens de sa vie. Ce sera probablement le dernier acte criminel qu'il (le fraudeur) commettra. »
#SnatchAtYouOwnRisk
Des propos qui ont aussitôt ravivé les souvenirs de l'époque des dictatures militaires. L'un des conseillers en communication du chef de l'Etat a d'ailleurs salué cette déclaration sur Twitter : « Le président (général) Muhammadu Buhari ne plaisante pas ». Un tweet polémique très rapidement effacé.
Le principal parti d'opposition, le People's Democratic Party a lui aussitôt dénoncées des « menaces ». « C'est une violation évidente de la loi. Même si au PDP, nous n'appuierons jamais le trucage des élections et nous nous sommes engagés dans ce sens, nous ne pouvons pas autoriser le président sortant Muhammadu Buhari à se transformer en un dictateur totalitaire qui favoriserait les tueries extrajudiciaires. Aucun président dans le monde civilisé actuel ne devrait appeler à des exécutions sommaires de ses concitoyens », estime Kola Ologbondiyan, porte-parole du PDP.
Un nouveau hashtag a depuis fait le buzz sur les réseaux sociaux, #SnatchAtYouOwnRisk (vote à tes risques et périls). Avec des débats tantôt sur l'aspect haineux des propos ou sur la nécessaire fermeté du chef de l'Etat. Une chose est sure, la tension est montée d'un cran depuis ce report d'une semaine du scrutin.
Depuis l'annonce du report du scrutin d'une semaine, les deux principaux partis, l'APC au pouvoir et le PDP d'opposition s'accusent mutuellement de « sabotage », se livrant à une guerre des mots de plus en plus virulente.
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