Au Mali, une conférence s’est tenue dimanche 17 février à Bamako contre le franc CFA. Vieux serpent de mer des relations franco-africaines, le débat a été ravivé par le gouvernement populiste italien le mois dernier. Lequel affirmait que le franc CFA appauvrissait l'Afrique. Les avis sont toujours tranchés. Il a ainsi été vivement défendu par le président ivoirien, Alassane Ouattara, la semaine dernière, en visite à Paris. En revanche, les participants invités aux Etats généraux du FCA par le Forum pour un autre Mali ont dénoncé cette survivance de l'époque coloniale.A Bamako, des universitaires, des acteurs de la société civile et des
responsables politiques étaient présents pour plaider pour un
changement de monnaie. Et lors de cette rencontre, le CFA n’avait pas de
défenseur.
Pour les universitaires et les représentants d’ONG présents,
la monnaie est d’abord une affaire de souveraineté.
« Nous voulons en finir avec l’acronyme CFA qui renvoie quand
même aux francs des colonies françaises d’Afrique. Les Américains ne
comptent pas en euro, les Européens ne comptent pas en yen et donc il
nous faut une monnaie qui puisse renvoyer à notre identité », estime Nako Nubukpo, ancien ministre togolais et grande voix anti-CFA sur le continent.
Pourtant, récemment des chefs d’Etat africains des pays membres de la
zone CFA ont encore défendu cette monnaie.
Des arguments qui ne sont
pas recevables pour Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée
nationale de Côte d’Ivoire et participant à la rencontre de Bamako : « Cette
monnaie ne permet pas de financer l’investissement risqué,
l’investissement de longue période. On finance le bien de consommation,
mais pas l’investissement long. Les taux d’intérêt sont plus élevés
quand vous êtes un particulier, une entreprise privée, que quand vous
êtes l’Etat ou une société du secteur public. »
Dans tous les pays membres de la zone CFA, les organisateurs de la
rencontre de Bamako entendent installer des comités de réflexion pour
instaurer de manière pacifique un débat citoyen sur le sujet.