Tout le monde connaît le safran pour son prix exorbitant et son goût unique. Mais ce que l’on ignore souvent, ce sont ses exceptionnelles vertus thérapeutiques. Or non seulement elles sont reconnues depuis très longtemps, mais elles font plus que jamais l’objet d’études sérieuses.
Qui ne se souvient pas, lorsqu’il était petit, de l’odeur qui embaumait le râtelier à épices de sa mère ou de sa grand-mère ?
Pour ma part, j’en ai longtemps été fasciné. Ces petits réceptacles recelaient mille goûts, et autant de parfums suaves. Parmi les bocaux, l’un d’entre eux était spécial. Il n’était pas rempli comme les autres. À la place, il y avait d’autres petits bocaux à l’intérieur, comme s’ils renfermaient un trésor très précieux. Et ce trésor, c’était du safran.
Tout le monde connaît le safran pour son prix exorbitant et son goût unique. Mais ce que l’on ignore souvent, ce sont ses exceptionnelles vertus thérapeutiques. Or non seulement elles sont reconnues depuis très longtemps, mais elles font plus que jamais l’objet d’études sérieuses. Ainsi, en plus d’être un aphrodisiaque réputé, le safran est aujourd’hui sous l’œil attentif des spécialistes pour ses vertus anti-cancérigènes.
Le safran, une épice rare et chère
Ce que l’on appelle le safran, ce sont les stigmates séchés du Crocus sativus, cultivé depuis plusieurs millénaires.
Pour un kilo de safran, comptez entre 150 000 et 300 000 fleurs de crocus, ce qui représente entre 75 et 200 heures de ramassage. C’est ce coût de main-d’œuvre qui en fait l’épice la plus chère du monde, avec un prix au kilo situé entre 3000 et 4000 €.
Bien qu’il pousse facilement en Europe, 90 % du safran consommé dans le monde est produit en Iran. Toutefois, le métier de safranier fait actuellement son grand retour dans notre pays.
Hors de prix, le safran a toujours eu ses fraudeurs, jadis menacés de lourdes amendes, voire de peine de mort !
Dans ce domaine, tout a été tenté : teindre d’autres fleurs pour qu’elles lui ressemblent, les faire gonfler pour augmenter leur poids avec de l’eau ou du sirop, extraire le colorant avec de l’alcool et vendre les stigmates épuisés… En poudre, tous les subterfuges, en passant par le curcuma et la brique, ont été employés pour le couper ou l’imiter ! Mais jamais l’égaler.
Connu depuis la haute Antiquité
Il y a 50 000 ans déjà, en Mésopotamie, les hommes préhistoriques se servaient du safran pour leurs peintures rupestres.
De leur côté, les Sumériens, nos ancêtres à tous, l’utilisaient pour leurs potions magiques… Toutefois, ils ne cultivaient pas le crocus et préféraient cueillir le safran sur des fleurs sauvages, convaincus que seule une intervention divine leur procurait les vertus recherchées.
On retrouve le safran très tôt en Europe, dès le début de la civilisation. Il apparaît ainsi sur une fresque de Santorin, île grecque connue pour être liée au mythe de l’Atlantide.
Il est alors révéré pour ses qualités emménagogues, mais aussi tinctoriales. Les vêtements qu’il permettait de colorer en orange lumineux étaient l’apanage des chefs d’État, des héros et des dieux – et en Égypte, des momies. On s’en servait aussi pour teindre les robes des mariées en jaune vif.
Naturellement, les Grecs en firent un mythe. Crocos, un ami d’Hermès avec lequel il jouait au lancer de disque, se serait blessé mortellement, et de son sang serait apparu le crocus. Homère le chante comme un médicament et un parfum, et les poètes romains Martial et Lucain en ont aussi fait l’éloge.
Du point de vue thérapeutique, le safran est donc connu depuis la haute Antiquité pour apaiser et faire venir les règles. Dioscoride, médecin, pharmacologue et botaniste grec du début de notre ère, lui remarquait déjà des propriétés diurétiques, antitussives et aphrodisiaques.
Bon pour le moral
Le safran a toujours été très recherché en Europe. D’ailleurs, ce sont ses vertus thérapeutiques qui ont fait bondir son prix et accroître sa culture, puisqu’il a été perçu comme un remède efficace contre la terrible peste noire qui sévit au milieu du XIVe siècle. Par la suite, on se fit même la guerre pour lui.
Les qualités qu’on lui prêtait autrefois lui sont encore reconnues aujourd’hui. Ainsi est-il couramment employé à travers le monde pour ses vertus digestives, mais également diurétiques, hypotensives ou antispasmodiques.
Il est aussi particulièrement apprécié dans la médecine chinoise pour améliorer la circulation, calmer les douleurs abdominales ou prévenir les embolies pulmonaires, avec une action bénéfique globale reconnue sur le système respiratoire.
Mais il y a plus : cette épice rare est également hémostatique et vulnéraire (guérit les plaies et les blessures), antiallergique, anti-inflammatoire et stimulante immunitaire. Ses effets préventifs contre Alzheimer et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) sont également à l’étude, avec des perspectives encourageantes.
Enfin, le safran, c’est bon pour le moral ! Ainsi, on lui attribue un effet positif sur le syndrome dépressif. De plus, une étude a récemment mis en lumière qu’une cure de safran réduit le grignotage et diminue le surpoids modéré chez les femmes.
Les vertus du safran sur le système génital ont été reconnues tant par la médecine occidentale qu’orientale, dans la médecine ayurvédique notamment.
Ainsi, il stimule la libido, tant chez les hommes que chez les femmes, raison pour laquelle il est parfois préférable aux antidépresseurs dont l’usage peut engendrer une baisse du désir chez les deux sexes.
Toutefois, dans le sexe, il n’y a pas que la libido ! On a ainsi prêté au safran des vertus abortives, lorsqu’il était pris à fortes doses, mais cette tradition n’est plus suivie de nos jours. Paradoxalement, il avait aussi la réputation de faciliter la conception.
Il est encore reconnu pour être un excellent régulateur menstruel et tient lieu à ce titre d’analgésique et de sédatif. Enfin, une étude récente montre qu’il soulage les douleurs post-partum mieux que l’acide méfénamique, couramment utilisé à cette fin.
Le safran contre le cancer
Récemment, un grand nombre d’études se sont intéressées de près aux pouvoirs anti-cancer du safran. Les vertus antioxydantes du safran pourraient expliquer une part de cette action préventive contre le cancer. Mais il semblerait que son action soit plus étendue et plus profonde.
Il agirait par exemple à différents niveaux contre le cancer gastrique, colorectal, du sein, de la prostate, des ovaires, du pancréas, du foie, du poumon ou de la peau (contre lequel l’utilisait déjà Alfred Velpeau, le chirurgien du XIXe siècle inventeur de la bande du même nom). Le safran offrirait en outre des vertus protectrices contre la chimiothérapie.
Surtout, la force du safran dans ce combat contre le cancer est son absence de toxicité. Il serait cependant inutile d’en abuser.
Bien utiliser le safran
Inutile de se raconter des histoires : pour le safran, seul un extrait standardisé, c’est-à-dire garantissant une certaine teneur en principes actifs (crocine, crocoside, safranal…), permet d’atteindre les effets recherchés dans une utilisation thérapeutique.
Même si on sait aujourd’hui que la cuisson et la chaleur diminuent la concentration en principes actifs du safran, vous pourrez toujours en ressentir une partie des effets en vous concoctant une petite infusion toute simple.
Il suffit d’en mélanger un demi-gramme à un gramme par litre d’eau, et de laisser infuser un quart d’heure en couvrant. Vous aurez alors un aperçu de ses capacités aphrodisiaques, sédatives et antidépressives.
Pour faciliter les règles et atténuer les douleurs qui les accompagnent, comme les femmes le font depuis la Grèce la plus antique, il vous suffit de doubler la dose et de prendre cette infusion à raison de 2 à 3 tasses par jour.
Oui, le safran est précieux et cher, mais votre corps le mérite bien !
Vous pouvez également vous procurer du safran en gélules (voir ici)
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