Le but est d’initier aux théories de la communication. Du fait de l’ampleur du domaine à couvrir, nous centrerons sur ce cours sur la communication comprise comme un processus social. La communication sera considérée comme une dynamique de mise en relation qui vise l’intercompréhension réciproque et la production intersubjective de l’entente.
L’essentiel de ce cours consistera à argumenter sur la pertinence d’une telle conception de la communication. Sur le plan théorique, l’école de Chicago, l’école de Palo Alto, le courant interactionniste et l’école de Francfort seront les principales ressources. Ces théories seront mobilisées à la seule fin de comprendre ce qui compose l’essentiel d’un rapport social.
Le communicant est envisagé avant tout comme un médiateur. Qu’il travaille dans les relations publiques ou dans le domaine du management, sa tâche principale consiste à tisser un lien entre le public et l’organisation pour laquelle il travaille.
La connaissance du public et les relations qui s’y jouent est donc un point décisif pour comprendre les enjeux pratiques auxquels les professionnels sont confrontés.
Ces théories seront mises à l’épreuve d’un certain nombre de phénomènes sociaux contemporains : dynamique de régulation, mouvements sociaux, culture, et organisation.
Sommaire
Les modèles positivistes Modèle de Shannon-Weaver Modèle de diffusion en deux étapes Modèle marketing L’approche systémique Modèle sociométrique Modèle transactionnel Modèle interactionniste et systémique Modèle de l’orchestre L’approche constructiviste Modèle de l’hypertexte Modèle situationnel L’approche médiologique
LES MODÈLES POSITIVISTES
[gallery type="slideshow" td_select_gallery_slide="slide" td_gallery_title_input="Modèles des theories de l'information et de la communication" ids="1272,1271,1270,1269,1267,1268,1266"]Modèle de Shannon-Weaver
C’est un modèle émetteur-récepteur, centré sur le contenu et le transfert de l’information, et causal : le sens du message est une donnée et ce message (la cause) parcourt le canal et va produire un effet chez le récepteur.
Partant de ce modèle, Waren Weaver définit la notion de redondance. En stratégie de communication, il s’agit de répéter en faisant évoluer le message afin de mettre le récepteur en situation d’appétence cognitive.
Norbert Wiener quant à lui, ajoute au modèle de Shannon une boucle de rétroaction : toute personne qui produit un message doit attendre l’effet pour transformer le contenu autour de principes rétroactifs.
Modèle de diffusion en deux étapes / de communication à deux niveaux Ce modèle a été développé à l’occasion des premières campagnes télévisées et radiodiffusées pour les élections américaines, dans le but d’étudier l’influence des médias sur leur public.
La communication se fait ici en deux étapes : du média vers les leaders d’opinion, puis du leader vers son groupe d’appartenance. Ainsi, le média n’agit pas directement sur le public mais par le biais de leaders d’opinion. (C’est le modèle de communication des réunions Tupperware)
Ici la cause est l’émission de télé/radio, l’effet est l’influence exercée. Ce modèle permet d’étudier l’influence, l’efficacité des messages, les médiations ou encore les mécanismes de persuasion et de renforcement de l’opinion.
Modèle marketing
Ici, la communication est définie comme une « opération » à piloter en vue de la résolution d’un problème.
La cause est un problème de communication à résoudre ou un message à transmettre ; l’effet, la transformation de la situation initiale. Ce modèle de communication procède par étapes :
Préparation, audit Conception Activité / action Evaluation
En documentation, le marketing documentaire obéit à ce modèle : faire des acquisitions et en parallèle, prendre en compte les réactions puis ajouter des compléments.
L’APPROCHE SYSTÉMIQUE
Les modèles systémiques sortent de la linéarité , ils visent à analyser la permanence et la capacité de changement des systèmes de communication observés. Cette approche s’appuie sur le structuralisme (F.De Saussure, 1906-1911), la cybernétique (N.Wiener, 1948) et la systémique (Bertalanfly, 1968).
Modèle sociométrique
Ce modèle présente graphiquement le réseau dessiné par les relations informelles dans un groupe, on fait apparaître les affinités entre individus, les relations socio-affectives du groupe apparaissent.
Ce modèle part du postulat que plus les relations sont riches en affinités, meilleurs sont les modes de circulation de l’information. Il s’agit de rendre visible les relations entre individus dans un groupe, dans l’optique d’analyser la structure de la communication. C’est une tentative pour normer, quantifier le lien entre système de relations et système communicationnel.
Modèle transactionnel (Eric BERNE, psychiatre)
Avec l’analyse transactionnelle on ne s’occupe plus du contenu du message, mais de sa forme générale.
C’est dans les contacts avec autrui que se révèlent les problèmes d’une personne et c’est en changeant le mode de communication de cette personne que l’on commence à lui permettre de les surmonter.
Ici, la communication est une transaction, les deux parties gagnent quelque chose, c’est aussi une relation de dominance, communiquer à l’autre c’est renforcer son pouvoir sur l’autre. L’analyse transactionnelle est un outil d’analyse et de contrôle de la communication.
Modèle interactionniste et systémique (Ecole de Palo Alto)
C’est une nouvelle définition de la communication comme étant : la participation d’un individu à un système d’interactions qui le relie aux autres. C’est un système d’échanges et de communication paradoxale obéissant à des règles du jeu, comme aux échecs (« L’analyse du jeu bureaucratique à la française » Michel Crozier).
Modèle de l’orchestre (Y.WINKIN)
Ici, la communication est définie comme la production collective d’un groupe qui travaille sous la conduite d’un leader.
On étudie ainsi la manière dont l’articulation des jeux individuels aboutit à une production collective en s’interrogeant notamment sur : la conduite des acteurs, le code régulateur et la prestation de chacun. Dans ce modèle, le public fait partie du système, l’orchestre est en interaction avec eux, la communication est donc une production collective.
L’APPROCHE CONSTRUCTIVISTE (BROWER, PIAGET, MORIN, DELORME)
« Les sciences construisent une réalité possible à partir d’expériences cognitives successives. »
Ainsi, dans l’approche constructiviste, le monde qui nous entoure est construit à partir de nos représentations personnelles et sociales, le sujet connaît le monde en le concevant, toute science est donc une modélisation.
La démarche constructiviste tente de comprendre plutôt que d’expliquer, en partant du principe que : aucune réalité n’est objective ; le chercheur n’a pas une grille de lecture neutre ; il existe plusieurs réalités construites par situations ; tout phénomène est lié à d’autres ; il existe un ensemble de causalités circulaires, complexes et multiples.
Modèle de l’hypertexte
On considère ici la communication comme un débat latent, « caché », qui lieu entre des acteurs liés dans une structure sociale. On tente de faire émerger le débat implicite de l’ensemble des commentaires et de comprendre comment chacun interprète et retraduit le message initial.
Modèle situationnel
La communication est envisagée en terme de processus. Cette approche consiste à faire apparaître les différents contextes dans lesquels toute communication fonctionne nécessairement. Pour que l’échange ait du sens, il faut qu’il soit mis en relation avec les contextes dans lesquels il se déroule :
contexte des intentionnalités contexte des contraintes situationnelles contexte des positionnements relatifs contexte temporel …
Le sens final de la communication en question est une synthèse des différentes significations apparues à travers les mises en contexte. Mais, le contexte aide aussi à construire le sens de l’échange et le sens et le contexte se construisent à travers l’échange.
APPROCHE MÉDIOLOGIQUE (R.DEBRAY)
Il s’agit de l’étude des médiations à travers lesquelles « les idées deviennent des forces matérielles », c’est une forme d’analyse de matérialisation des idées.
On recherche des liens logiques entre différents événements et contextes technologiques. La médiologie s’intéresse à deux champs privilégiés : les organisations politiques et les techniques de diffusion et de mise en mémoire. On distingue plusieurs états, régis par des lois, les sphères médiatiques (logosphère, graphosphère, vidéosphère, hypersphère).
https://www.kafunel.com/?p=1265&feed_id=800124